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Urgences débordées: ce n’est la faute ni des médecins en cabinet ni des patients

Face à la surcharge des urgences hospitalières, particulièrement criante durant les fêtes, il est parfois suggéré de revoir l’organisation de la médecine en cabinet. C’est probablement correct en partie, mais est-ce vraiment cela qui va résoudre le problème ?

Les cabinets privés jouent un rôle essentiel dans le système de santé. En prenant en charge des patients qu'ils connaissent déjà pour des urgences non vitales, ils offrent des soins adaptés, rapides et économiques, évitant ainsi plusieurs fois par jour des déplacements dans des policliniques ou aux urgences hospitalières.

Pourtant, ce travail reste insuffisamment valorisé, notamment sur le plan tarifaire. Un paradoxe que les récentes discussions sur les indemnités d’urgence n’ont toujours pas résolu.
Les nouvelles générations de médecins sont investies, mais les attentes à leur égard ont considérablement évolué depuis l’époque du « bon vieux temps ». L’exercice de la médecine est aujourd’hui plus exigeant et nécessite du repos et un équilibre entre vie professionnelle et personnelle.

Durant les absences, un système de garde permet de répondre aux urgences non vitales (degré 4 et certaines de degré 3 selon l’échelle suisse de tri). Accessible via le numéro 0848 134 134, ce dispositif fonctionne en cabinet durant les jours de semaine et dans des maisons de garde au RHNe les soirs, week-ends et jours fériés, 365 jours par an.

Et non, contrairement aux idées reçues, ce dispositif n’est pas complètement saturé, même en hiver ! Les patients, accusés de venir consulter pour des bagatelles, ne sont pas le nœud du problème non plus.

Alors, pourquoi les urgences hospitalières sont-elles surchargées ? Parce qu’elles accueillent des patients très malades nécessitant des prises en charge complexes (degrés 1 à 3) avec souvent une hospitalisation et, faute d’alternative, des personnes en attente de placement en EMS. A défaut, ces patients sont donc à leur place, mais leur présence dans les urgences de soins aigus souligne surtout un problème structurel : une pénurie chronique de places en EMS et possiblement de lits en soins aigus.

Cela n’est donc pas la faute ni des patients, ni des médecins en cabinet.

Il faut certes continuer de lutter contre la pénurie de médecins de famille et repenser la réponse à l’urgence communautaire par une stratégie active. Valoriser cette profession et inciter les jeunes médecins à s’installer en cabinet est crucial pour répondre aux besoins croissants de la population, mais cela ne remédiera pas à la surcharge des urgences hospitalières. Une meilleure coordination entre les différents acteurs ambulatoires, notamment, médecins de garde, policliniques, ambulanciers et infirmières est certainement aussi utile, mais cela n’est pas non plus la solution.

Pour améliorer la situation, il est essentiel d’augmenter la capacité d’accueil des différentes institutions et de revoir leur organisation. Faire « plus avec moins » a atteint ses limites : il est impératif d’investir pour répondre aux défis démographiques et garantir le maintien des soins de qualité.

Un changement de paradigme que le politique doit désormais adopter !

Finalement, une meilleure adhésion aux mesures de prévention, comme la vaccination des personnes à risque contre les virus saisonniers (grippe, COVID-19, pneumonie, et bientôt le RSV), réduit la pression sur les hôpitaux. Là, par contre, le rôle des médecins en cabinet et des patients est primordial !

 

Dr Dominique Bünzli, médecin de famille génération X et président de la SNM

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